Chromes et souvenirs

Dans la petite commune de Saint-Félix, nichée entre collines et platanes, le temps semblait suspendu le temps d’un week-end, lors de l’inoubliable Salon Rétro-Mécanique, événement devenu culte dans le sud-ouest pour tous les amoureux de la belle mécanique d’hier.

Installé sur l’ancien terrain de foire et dans les halles rénovées, le salon avait su recréer une atmosphère unique : celle des années 1950 à 1980, où l’automobile n’était pas seulement un moyen de transport, mais un symbole de liberté, de style et de savoir-faire. Les allées fleuraient bon le cuir ancien, la cire pour carrosserie et l’huile chaude, pendant que les haut-parleurs diffusaient des morceaux de jazz manouche et de twist vintage.

Plus de 120 véhicules exposés, des deux-roues jusqu’aux camions d’époque, en passant par les coupés italiens, les populaires françaises, les sportives anglaises et même un curieux prototype soviétique. Chaque véhicule avait son histoire, souvent racontée par un propriétaire passionné, parfois en bleu de travail, parfois en tenue d’époque, mais toujours avec les yeux brillants.

À côté des expositions statiques, on retrouvait les ateliers vivants, qui faisaient tout le charme du salon : démonstration de restauration de sellerie, de sablage, de martelage traditionnel, ou encore réglages moteur sur un vieux Solex capricieux. Une zone spéciale était réservée aux jeunes conducteurs, avec simulateurs, stands pédagogiques et même une mini-bourse aux pièces à petits prix.

L’autre particularité de ce salon : sa bourse d’échange, où les pièces les plus improbables côtoyaient des affiches de rallyes des années 70, des plaques émaillées, des manuels d’entretien ou des volants en bois patiné. Certains collectionneurs y venaient uniquement pour ça, à la recherche de la pièce manquante pour compléter leur restauration.

Mais au fond, ce que les visiteurs emportaient surtout, c’était une ambiance, un parfum de nostalgie joyeuse et partagée. Un moment hors du temps, où l’on prenait le temps de discuter, de se souvenir, et de transmettre une passion à la génération suivante.

Depuis, les moteurs se sont tus, les bâches sont retombées sur les carrosseries brillantes, mais les photos, les récits, et les sourires de cette édition-là restent gravés dans les mémoires. Une page de plus dans le grand album de la mécanique vivante.